Mes LIVRES
Mémoire vive
Sofia n’a jamais connu ses grands-parents. Elle sait peu de choses de leur vie, si ce n’est qu’ils ont migré des Pouilles vers Milan, donné naissance à de nombreux enfants, souffert de la guerre et de la précarité. Pourtant, elle se sent liée à leur mémoire. Transgressant certains silences et certaines peurs, la jeune femme décide de mettre en lumière ce qu’elle ressent comme une entrave à son propre chemin et reconstitue l’histoire de ses ancêtres à partir des rares indices qu’elle a à disposition : une photographie, une lettre manuscrite, quelques paroles.
« C’est à la fois peu et amplement suffisant, car l’écriture a la faculté du feu, celle de partir de presque rien. » Au fur et à mesure du récit émerge la voix résiliente de Sofia.
« On écrit pour faciliter les passages. Pour déjouer les serres du silence, pour aérer ce qui s’asphyxie, pour libérer le flot de paroles comme un flux de sang empêché d’irriguer le corps qu’il doit nourrir. »
« Mémoire vive » intègre des éléments narratifs, mais aussi les rêves nocturnes et les réflexions suscitées par le processus d’écriture. Le texte affirme globalement l’existence d’une mémoire psychocorporelle et rend hommage aux gens dits « de l’ombre ».
Semaisons de silences
Il faudrait un « v » à la place du « t » de Parlatano ce qui signifierait : elles parlaient. Est-ce cette racine dans son nom qui pousse l’auteure a écrire des poèmes en opposant de façon régulière le thème de la parole à celui du silence ? Peut-être…
Mais alors qui est ce « tu » auquel elle s’adresse, qui comme une semaison la pousse à semer en lignes des graines de mots, car voilà donc une ode à un « tu » dont on ne sait rien, mais dont on comprend qu’il s’agit d’un amour puissant puisque tout un pan de son coeur pousse contre sa poitrine.
Pourtant la poète se contente d’un amour frugal : de quelques mots échappés à la vigilance des lèvres de son « tu », un ou deux sourires, une seule carte postale et elle attend.
Attendre un jardin derrière la grille, les barreaux serrés entre ses paumes, son corps pour unique clé, son désir posé nu contre le fer, attendre longtemps que crisse le gravier sous les reins, montent les fougères aux joues, la lavande, la santoline et les roses sous la pergola des prunelles.
Mais que fait-elle de ce scalpel du désir alors ? Eh bien … elle écrit, car
Dans l’ombre de l’encre, l’amplitude du souffle grandit, les ailes peuvent enfin s’ouvrir, la main se libérer du carquois des pensées, et le coeur de sa cruelle clôture.
Des poèmes admirables pleins de musicalité que tout amoureux de l’amour et des mots devrait découvrir.
Laura Maxwell, sur son blog "Elle a lu", 2020.
Une seule plume suffit
Écrit presque entièrement en prose par une femme-poète
particulièrement observatrice ce recueil m’est
grand plaisir de lecture.
J’écoute, avec ferveur, vivre fauvette, pinson, verdier, linotte, merle ou
martinet :,
« Écrire l’oiseau c’est ouvrir ses ailes »…
C’est aussi, pour l’auteur, tenter de rejoindre par le biais fidèle du chant
des mots l’enfant tragiquement envolé…
Un livre de cœur et d’esprit
Arlette Chaumorcel, rédactrice de la revue L'Estracelle,
Le 12 avril 2024